Entretien avec Gail Rutherford : Erica Rutherford : sa vie et ses œuvres

Au cours des prochains mois, nous discuterons avec des artistes, des conservateurs et d'autres personnes concernant nos expositions en cours à la Galerie d'art du Centre de la Confédération. 

Cette semaine, nous discutons avec Gail Rutherford, artiste, illustratrice et enseignante, de ses réflexions et idées sur le Erica Rutherford : sa vie, son œuvres exposition. Cette exposition est visible au CCAG jusqu'au 5 janvier^th 2025.  

Présenter l’énorme travail d’Erica doit être une expérience remarquable et enrichissante pour votre famille. Quel aspect ou détail espérez-vous que les visiteurs retiendront de cette exposition ?  

GR : C'est agréable de voir la vie d'Erica célébrée dans cette émission. Nous voyons ses premiers travaux, influencés par les tendances artistiques actuelles, puis ses débuts à Ibiza réagissant à la beauté et aux couleurs du monde qui nous entoure, puis, alors que sa préoccupation sous-jacente concernant la dysphorie de genre commence à émerger, les personnages commencent à apparaître. Puis, lorsque nous avons déménagé aux États-Unis, cette pression a continué et les autoportraits de femme ont évolué, avec le style des zones de couleur unie que le changement de continent semblait déclencher. Elle explorait qui elle était, comment nous apparaissons aux autres et le paysage local. Ainsi, le spectacle est vraiment un excellent exemple de la personne intérieure qui s’exprime de plus en plus ouvertement ; dans ses dernières années après sa transformation physique en tant que femme, elle a joué avec des sujets « féminins », des fleurs, des intérieurs, et finalement avec le monde de paysages étranges où des créatures ni humaines ni animales semblent raconter des histoires et des paraboles. 

Bien qu'Erica ne soit pas physiquement présente, son talent et son esprit perdurent à travers ses incroyables œuvres d'art. En tant que partenaire, y a-t-il des éléments significatifs dans votre relation et vos souvenirs avec Erica ? 

GR : Il n'y a pas qu'un seul ouvrage qui se démarque, ils couvrent tellement de choses et d'associations qu'il est difficile d'en choisir un seul. 

La décision courageuse d'Erica de vivre ouvertement comme elle-même était à la fois admirable et bien en avance sur son temps. Quels conseils Erica (ou vous-même) donneriez-vous aux artistes issus de communautés marginalisées ?   

GR : Je pense qu'elle a été très poussée par sa lutte intérieure, dans un monde où elle n'était pas comprise et était vraiment hors de portée de la plupart des gens, en particulier dans le Midwest américain. Je suis sûr que le peindre lui a permis de survivre, et c'est pourquoi les peintures de cette période résonnent si fortement pour quiconque emprunte le même chemin. S’il y a des leçons à tirer, c’est d’essayer de vous exprimer vraiment tel que vous êtes, ce qui est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. C'est le véritable chemin pour nous tous, pas seulement dans les arts, pour devenir ouverts et amicaux envers nous-mêmes, l'acceptation de soi. 

Bio: 

Gail Rutherford AESTC est née en Australie en 1934 et a étudié l'art à Sydney. Elle a commencé à travailler comme consultante en couleurs pour une entreprise internationale de peinture. En 1959, elle part pour Londres au Royaume-Uni et y travaille pour la même entreprise. Cette année-là, elle rencontre Eric Rutherford et s'installe à Ibiza, en Espagne, et pendant les sept années suivantes, elle voyage entre Ibiza et l'Angleterre, peignant, écrivant et illustrant. Sa fille Susana est née à Madrid en 1966. Elle a exposé des peintures en Espagne et au Royaume-Uni et, après son déménagement aux États-Unis en 68, a continué à y exposer son travail et a également commencé à enseigner. Elle a déménagé à Toronto en 1975 pour enseigner au Ryerson Technical College et a continué à exposer ses œuvres à Toronto et dans les Maritimes. Elle a beaucoup voyagé et a finalement pris sa retraite à l'Île-du-Prince-Édouard où elle a rejoint Erica Rutherford. Bien que le mariage ait été dissous au moment du changement de sexe, les deux hommes sont restés des amis proches et des parents de Susana.