
Mettre la table : la nature morte et ses retombées

Basée sur le thème de la table, la nature morte qui est peut-être la forme la plus familière de sélection et de présentation a souvent été considérée comme le genre artistique le plus humble, malgré une longue histoire visible même dans les ruines de Pompéi. Cependant, au cours des quelques dernières centaines d’années, la nature morte a acquis un nouveau statut en tant que plate-forme dynamique pour l’expérimentation artistique. Exercice fondamental dans la formation des artistes, humble compagnon des grandes déclarations de la peinture d’histoire, elle renfermait autrefois des messages spirituels explicites, rappelant le caractère temporaire du monde matériel profane. Elle s’est épanouie à l’époque moderne, la peinture ayant acquis des fonctions laïques et non narratives. Structurée par la disposition d’objets matériels curieux et agréables sur le dessus d’une table, elle a étroitement rapproché la composition d’une toile et la vie quotidienne. Par extension, la nature morte illustre comment les façons de voir et de choisir, de fabriquer et de consommer, influent sur notre relation avec les objets et avec l’espace. Elle produit des manifestations visibles d’échange et de transformation dans lesquelles les choses utiles deviennent des signes, des couleurs et des éléments de décoration et acquièrent un sens et une valeur les unes par rapport aux autres. Au cours des dernières centaines d’années, la nature morte est passée au premier plan et a contribué à donner naissance à une grande variété de stratégies artistiques de sélection et d’arrangement, y compris le ready-made, le collage, l’assemblage, la composition abstraite et la référence allégorique. Cette exposition d’œuvres de la collection permanente relie la nature morte à des exemples de ces développements, illustrant la vitalité continue d’une ancienne convention artistique.